Les mains pleines

Enfant, il avait tenu un jour un livre entre ses mains. C’était la première fois. Un livre qui n’avait pas de titre.

Curieux de savoir ce qu’il pourrait trouver à l’intérieur, il l’avait ouvert…

D’un coup, toutes les lettres contenues dans le livre étaient tombés alors en vrac sur ses genoux et sur le sol.

Il avait tout ramassé, le coeur battant, tâchant de n’en pas oublier, et il avait fourré le tout très vite dans ses poches de peur que quelqu’un n’arrive et ne le gronde pour ce qu’il avait fait.

Devenu grand, il essayait de retrouver un sens à tout cela, à tous ces signes tombés du livre et qu’il avait conservé tout ce temps.

Avec, il tentait de composer des récits qui puissent les contenir tous. Mais soit des lettres étaient de trop ; et il ne savait qu’en faire ; soit elles lui faisaient défaut pour terminer un récit. Il composait ainsi sans relâche, composait, composa toute sa vie durant, des histoires, des contes, des essais, des pièces de théâtre, espérant, sans y parvenir jamais, réécrire le livre qu’il avait tenu un jour entre ses mains. Et qu’il n’avait pas lu.

Laisser un commentaire